La littérature d’Antoine Volodine vous plonge immédiatement dans un monde qu’on devine post-apocalyptique, oppressant, livré à de sombres complots, affrontements, règlements de comptes (mais on ne sait jamais très bien de quels comptes) auxquels les personnages cherchent à échapper (et souvent échouent), un monde de totale perméabilité entre rêves (souvent cauchemardesques) et réalité (qui peut être pire encore).
Ses camarades / avatars du mouvement post-exotique Elli Kronauer, Manuela Draeger et Lutz  Bassmann sont autant d’écrivains emprisonnés qui s'échangent depuis leur captivité des récits dans lesquels la mort n’est qu’une péripétie parmi d’autres – et peut-être pas la pire - cultivant un « humour du désastre » et maniant une langue très poétique empruntant aux bylines (chants épiques psalmodiés par des bardes aux 19e et début 20e siècles en Russie).
Un univers qui fait écho à celui, pourtant bien réel et contemporain de certains films de Wang Bing, l'immense cinéaste chinois auteur de A l'ouest des rails et de A la folie, notamment.
Rien d'aussi dramatique ou oppressant dans cette série mais à Gennevilliers, Vigneux, Villeneuve... un nombre impressionnant de bateaux péniches barges à l'abandon, épaves sans doute aussi polluantes que magnifiques.
Le Port intérieur d’Antoine Volodine, éditions de Minuit, 1995.
Pour en savoir plus sur Volodine et la cosmogonie du post exotisme, lisez l’interview au long cours publiée en 2016 dans l’excellente revue La femme du requin.
La série Le Port intérieur, issue du projet Le Pont de Bezons est exposée chez Monique et Myrtille du 18 au 22 juillet 2022.
Suite du projet ici

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